Avis d’expert sur la désinfection raisonnée en établissement de santé
En 2025, maîtrise du risque infectieux ne rime plus nécessairement avec désinfection systématique des surfaces. Les enjeux RSE invitent désormais les établissements à repenser leurs méthodes et leurs produits afin de réduire l’impact environnemental du bionettoyage sans impacter la santé des usagers. Limiter l’exposition inutile aux produits chimiques permet d’améliorer la qualité de prise en charge des patients et des résidents, sans augmenter le risque de contamination.
Quand envisager le lavage des sols à l’eau en remplacement d’un détergent ou d’un désinfectant ?
Selon les experts Santé Onet Maëva Volpi, et hygiénistes Emilie Joigneaux et Sylvie Besin, tout repose sur l’évaluation du risque de contamination d’une surface à un individu.
En l’occurrence, les études ont montré que les sols ne sont pas des vecteurs de contamination croisée, contrairement aux surfaces manuportées (boutons d’ascenseurs, interrupteurs, rampes…). Désinfecter les sols ne revient donc pas systématiquement à réduire le risque infectieux : tout dépend de la zone et de l’environnement.
Mais est-ce que c’est efficace ?
Pour nettoyer et enlever les souillures visibles, la microfibre et l’eau donnent un excellent résultat. Pour aller plus loin, l’utilisation de l’eau sur les sols à la place de l’utilisation d’un produit chimique empêche la création d’un chimio film : couche collante qui retient les salissures. Car oui, utiliser à répétition des détergents et des désinfectants sans rinçage provoque une agglutination de produits sur la surface.
La microfibre par son action mécanique capture et retient les souillures et les micro-organismes et empêche l’encrassement des sols. Plus d’accumulation de produit sans rinçage, moins de réservoirs environnementaux pour les micro-organismes. Mais aussi, des sols plus propres, plus longtemps et qui se salissent moins vite.
Optimisation de l’action mécanique
Capture des micro-organismes
Elimination
Evitement de toute recontamination

Cette méthode est généralement déployée pour les zones à risque faible (halls d’accueil, bureaux administratifs, circulations …) où le risque de contamination via le sol est très limité, sous réserve de s’assurer de:
- La maitrise parfaite de la méthode de pré imprégnation afin d’assurer l’action mécanique « native » de la fibre
- Le traitement du linge sans faille qui assure l’élimination et la destruction des micro-organismes ramassés lors du lavage à plat : un lavage désinfectant suivi d’un séchage complet sans humidité résiduelle. Ce traitement doit être accompagné d’un stockage sécurisé.

Quels référentiels et quelles recommandations suivre ?
Les équipes opérationnelles d’hygiène (EOH) s’appuient sur les recommandations des instances d’hygiène hospitalière et des autorités de santé : SF2H, HAS, ARS, CPias, Répia… Il revient à chaque EOH de définir si l’utilisation de ces textiles sans désinfectant suffit à maitriser le risque infectieux propre à chaque établissement : type d’activités et de soins, enjeux spécifiques, zones à risque …
L’introduction de méthodes alternatives par les entreprises de service sont obligatoirement validées par l’EOH, et traduites dans des protocoles et modes opératoires.
EOH et acceptation du lavage des sols à la microfibre et eau ? Témoignage de Yolène Rousseau
Certaines microfibres ont été testées selon la norme EN 16615.
Peut-on s’y fier ?
La norme EN 16615 est une norme de test d’un couple lingette – désinfectant. L’essuyage humide à la microfibre et à l’eau n’entre pas dans le champ de cette norme : ni lingette, ni désinfectant. Les fabricants ont cependant utilisé cette norme afin de convaincre les EOH des capacités des textiles à décoller des micro-organismes. Plus précisément, de la capacité du bandeau à réduire la charge définie d’une surface après un passage normalisé.
C’est un indicateur de performance qui démontre l’efficacité de la microfibre : de sa capacité de nettoyage à sa capacité de captation des micro-organismes.
On parle du lavage des sols à l’eau, c’est possible. Mais qu’en est-il de l’essuyage des points de contacts avec une microfibre simple ?
Tout le monde sait que le sol est sale, c’est un fait. En revanche, la saleté invisible sur les surfaces hautes est souvent oubliée ! En conséquence, les personnes sont moins vigilantes lorsqu’elles touchent avec leurs mains des surfaces hautes que lorsqu’elles touchent les sols. »
Maëva Volpi, expert Santé Onet Propreté et Services.
Pour lutter contre cette voie de contamination, deux principaux moyens sont mis en œuvre : assurer une hygiène des mains au bon moment, au bon endroit, et garantir la propreté microbiologique des surfaces au contact des mains.
Les points de contacts « partagés » comme les interrupteurs, poignées, rampes, accoudoirs, bureaux d’accueil ou tables continuent à être désinfectés régulièrement. Cette mesure combinée à une hygiène des mains rigoureuse, demeure essentielle pour réduire et maîtriser le risque de contamination croisée dans l’environnement de soin.

Privilégier une utilisation sélective et raisonnée des désinfectants pour limiter leur usage.
Conclusion
La méthode de la microfibre et de l’eau est aujourd’hui recommandée sur les sols des zones à risque 1 à 3 en fonction des enjeux et des préconisations de chaque établissement sanitaire comme médico-social. La désinfection des surfaces hautes reste la règle générale afin de garantir la maîtrise de la propreté microbiologique l’environnement de soin.
Chaque EOH définit sa politique de prévention en fonction des soins pratiqués et des enjeux propres à l’établissement. Toute méthode alternative proposée par les prestataires doit être validée et inscrite dans les protocoles officiels, validés par l’établissement au niveau de l’équipe d’hygiène et du service interlocuteur des marchés.
Repenser la désinfection, ce n’est pas relâcher la vigilance : c’est allier sécurité des patients, santé des équipes et respect de l’environnement. Les solutions sur-mesure portées par les experts Onet s’appuient toujours sur les recommandations des instances d’hygiène hospitalière et s’alimentent des savoirs, connaissances et échanges recueillis lors des congrès et journées d’étude spécialisées.
Documents références : Guide de l’éco nettoyage / Avis de la SF2H / Guide de l’entretien des locaux
- ARS : Agence régionale de santé
- CPias : Centre d’appui pour la prévention des infections associées aux soins
- EOH : Equipe Opérationnelle d’hygiène
- HAS : Haute Autorité de Santé
- RéPia : Réseau de Prévention des infections et de l’antibiorésistance
- SF2H : Société française d’hygiène hospitalière
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